Retraite d’État : qui a la pension la plus basse au monde ? Découvrez le classement

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Un billet de banque froissé, quelques pièces au fond de la poche : pour certains, la retraite se résume à ce maigre butin. Pendant que les chanceux, ailleurs, font sonner la monnaie pour un espresso en terrasse, d’autres hésitent à s’offrir une baguette. Entre ces deux scènes, un gouffre. D’un pays à l’autre, la pension de retraite oscille du vrai filet de sécurité à la simple illusion. La question n’est plus de savoir si les inégalités existent, mais jusqu’où elles s’étendent.

Moins d’un euro par jour, après toute une vie de labeur : voilà le sort réservé à certains retraités, bien loin des idées reçues sur la pauvreté. Le classement des pensions publiques les plus basses réserve des surprises, souvent là où on ne les attendait pas. Tour d’horizon des pays où vieillir rime avec mauvaise surprise, et où la vieillesse expose, plus qu’ailleurs, à la précarité.

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Panorama mondial des pensions d’État : des écarts saisissants

Du nord au sud, d’est en ouest, le paysage mondial des retraites multiplie les contrastes. L’enquête du Mercer CFA Institute place l’Islande, le Danemark et les Pays-Bas en tête de liste : ces pays affichent des systèmes de retraite performants, qui protègent efficacement leurs anciens. La pension y garantit un niveau de vie bien supérieur à la moyenne, à grand renfort de dispositifs universels et de capitalisation. Mais à l’autre bout du classement, le décor change radicalement : allocations faméliques, montants bien en-dessous du seuil de pauvreté, filets sociaux défaillants.

  • En Islande, la pension moyenne permet de vivre dignement, grâce à la solidité du système universel et aux fonds de pension robustes.
  • Le Danemark assure à ses retraités une pension publique parmi les meilleures, complétée par des régimes obligatoires complémentaires.
  • En France, le modèle par répartition maintient une couverture dans la moyenne, mais le taux de remplacement se tasse face à ses voisins les plus généreux.

Le contraste avec les pensions les plus faibles

Dans une partie de l’Europe, la pension d’État se contente de 230 à 250 euros mensuels : en Lituanie, Estonie ou Lettonie, le filet social ressemble à un fil ténu. Ailleurs, la situation devient critique : en Asie ou en Afrique, la retraite publique flirte parfois avec les 10 ou 50 euros par mois. Pour nombre d’aînés, la question n’est plus de profiter de la vie, mais d’y survivre.

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Pays Pension moyenne mensuelle (€) Classement Mercer 2024
Islande 1 800 1er
Danemark 1 650 2e
Lituanie 240 35e
Estonie 230 36e

Ces écarts gigantesques façonnent les parcours des retraités, accentuant les fractures non seulement entre continents, mais parfois à l’échelle d’une même région.

Pourquoi certains pays versent-ils des retraites aussi faibles ?

Derrière les chiffres, une mécanique complexe. L’histoire sociale du pays, sa croissance, l’équilibre démographique ou le choix entre retraite publique et privée écrivent le montant de la pension. Là où l’État a confié la protection sociale au secteur privé ou aux familles, le taux de remplacement – c’est-à-dire la part du dernier salaire couverte par la pension – s’effondre.

  • Dans l’Europe de l’Est, la transition brutale vers l’économie de marché a fragilisé les systèmes de retraite hérités du bloc soviétique. Résultat : l’allocation publique s’est retrouvée rabotée.
  • Le vieillissement démographique et la hausse de l’espérance de vie mettent sous pression les régimes contributifs, alors que la population active rétrécit.

Partout, l’âge légal de départ à la retraite fait débat et varie du simple au double : certains États préfèrent un départ précoce pour compenser la pénibilité, mais la pension reste alors dérisoire. D’autres, comme la France, allongent la carrière pour colmater les brèches financières, quitte à provoquer des tensions sociales à répétition.

Dans de nombreux pays asiatiques et africains, l’absence de régimes de retraite universels et la faiblesse des cotisations aboutissent à des pensions symboliques. Là, la solidarité familiale tente de pallier les carences de l’État, mais laisse des millions de seniors sur le carreau. Quant au minimum vieillesse, il reste l’apanage de quelques membres de l’OCDE, rarement suffisant pour sortir les plus fragiles de la pauvreté.

Classement 2024 : où trouve-t-on les pensions les plus basses au monde ?

Le palmarès 2024 des pensions d’État dévoile des écarts vertigineux. Les sources européennes et de l’OCDE dressent un constat sans appel : pour de nombreux retraités, la pension ne permet même pas de couvrir les besoins de base.

Pays Montant moyen mensuel (euros)
Lituanie 350
Lettonie 370
Estonie 400
Portugal 440
Espagne 710
France 1 400
Luxembourg 3 000
  • En Lituanie, la pension moyenne ne suffit même pas à payer le strict nécessaire, restant très en-dessous du seuil de pauvreté européen.
  • Dans les pays baltes, les revalorisations sont systématiquement rattrapées par l’inflation.
  • En Europe occidentale, la France se situe dans la moyenne supérieure, mais reste loin du modèle luxembourgeois.

La fracture est encore plus flagrante pour les femmes, souvent pénalisées par des carrières incomplètes et le temps partiel subi. Prenons la Lituanie : les femmes retraitées y touchent à peine 320 euros, contre 380 euros pour les hommes. Le niveau de vie des retraités, comparé au salaire moyen national, traduit l’ancrage profond de ces inégalités.

pension mondiale

Quelles perspectives pour améliorer la situation des retraités les plus vulnérables ?

Les chiffres s’accumulent, l’urgence sociale s’impose. Là où la pension d’État plafonne en-dessous des 400 euros, la précarité des seniors n’est plus une exception mais une règle. Les marges de manœuvre existent, mais la volonté politique et la capacité à transformer les régimes de retraite varient fortement selon les pays.

Regardez du côté du Danemark ou des Pays-Bas : ici, la solidarité nationale s’articule avec la capitalisation collective. Au Danemark, la combinaison d’une pension universelle et de régimes complémentaires obligatoires permet de maintenir un niveau de vie correct, même face au vieillissement de la population. Aux Pays-Bas, le taux de remplacement reste élevé grâce à une indexation régulière sur les salaires et à une gestion collective des fonds.

  • En France, l’allocation solidarité aux personnes âgées (ASPA) tente de réduire la fracture, mais son montant ne suit pas toujours le coût réel de la vie.
  • Singapour et Israël misent, eux, sur l’épargne obligatoire et la diversification des financements pour protéger les seniors.

La réforme des minimums vieillesse s’impose comme un chantier prioritaire. Revaloriser ces aides, garantir l’accès aux dispositifs sociaux, voilà ce qui permettrait de sortir les retraités isolés de l’impasse. Mais l’enjeu ne s’arrête pas là : améliorer l’accès au logement, à la santé, revoir la fiscalité ou réorganiser les régimes privés s’invitent dans le débat. Quant à repousser l’âge de départ, la question divise autant qu’elle mobilise.

À travers le globe, le sort des retraités se joue parfois à quelques kilomètres près. Entre retraite-dignité et retraite-survie, la frontière reste fine – et, souvent, indigne d’une époque qui se rêve généreuse avec ses aînés. Jusqu’où ce grand écart peut-il s’étirer, avant que la corde ne casse ?